jeudi 1 mars 2012

Désharmonie, par Amal Donqol, traduction de Kader Rabia










Désharmonie


Un hôtel
De cela une année
Nous partagions une chambre.



Il ferma d’abord les persiennes
Puis au mur il accrocha son manteau.
Et lorsqu’il vit « Guerre et Paix » entre mes mains,
Il détourna les yeux !
Sa paupière palpita
Résistant à la secousse…

Plus tard, il raconta l’histoire d’une jeune fille terrassée par l’amour
Mais qui, à son retour de guerre, ne put supporter ses faiblesses.
A son réveil, il ne trouva qu’un restant de vin et de pain…

Puis il raconta l’histoire du sang interdit
Que le désert n’a pu absorber
Là où il demeura, son été pleurant son printemps.
Longtemps, il raconta des histoires tristes
Jusqu’à ce que son visage se perdît
Au milieu de la fumée et des mots.

Lorsqu’enfin la voix s’enroua
Et que la pause se prolongea
Je me suis détaché de sa présence.
Assez discrètement pour ne point surprendre sa pudique larme.
Comme si, paraissant enfin endormi,
Mon corps palliait à la tristesse.
Je le vis du coin de l’œil retirer sa jambe-prothèse
Tout en se délivrant d’un soupir…
Qui brulait à l’excès ses entrailles.

Amal Donqol (Egypte)
Traduit par Kader Rabia

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire