samedi 31 mars 2012

Donnez-moi un dieu, le mien est déchu, par Malika Mezzane




Donnez-moi un dieu, le mien est déchu


Dieu à qui je repasse les habits
Dieu à qui je prépare le bain chaque soir
Dieu le seul avec qui je partage mon lit
Ce dieu là …
Je l’ai triplement répudié


Vous les modernistes
Ramenez-moi un dieu.
Le mien a déclaré faillite
Sa cravate est passée de mode
Et sa valise de diplomate raté
Est là devant vous…
A vendre au plus offrant !

Ramenez un dieu qui n’est
Ni noir
Ni blanc
Ni brun
Ni rouge
Ramenez-moi un dieu
D’une couleur singulière et unique !

Un dieu à mille années lumières
De ce qu’on adore
Un dieu sans mur de lamentations
Sans cloches
Sans Qaaba !
Un dieu…
Sans samedi
Sans dimanche
Sans vendredi

Ramenez un dieu
Capable de s’asseoir
A notre appétissante table
Capable de charmer nos femmes nues
Et d’encourager nos beaux-arts

Ramenez un dieu
Qui, à chaque fois que la tristesse
Ou l’amour vient le submerger
Il vient investir nos bars
Et ne les quitte…
Qu’en ayant changé de religion !



Malika Mezzane, extrait de : 
 “Ana wa baqiyet al malaïn”*, Rabat, 2009
Traduit de l’arabe par Kader Rabia

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* Moi et le reste des maudits



2 commentaires:

  1. excellent poème !
    fort, poignant qui nous perd et dans lequel on se retrouve ;)

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  2. Très beau, très fort! Nous donne envie de lire les autres poèmes du même auteur!

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