mardi 10 avril 2012

Durée de vie : Une voix et deux musiques / par Sarah Haidar



Bousculée par une ferveur… Des éclairs tombent d’une comète errante et détruisent la fausse harmonie de l’être. Je vois alors l’éther danser devant mon aveuglement têtu et j’entends gémir la pluie à l’heure du désaveu. Je ne suis personne sur cette terre ; je deviens le néant noyé dans l’étonnement du moment… Je n’ai plus de sens qui ne soient pas recréés par cette musique, blessés par cette voix, giflés par ce bonheur…

Alors, je m’interroge sur mes battements révolus et je vois la foudroyante fièvre née ici, dans cette minute du miracle où toute une terre a pénétré en moi et m’a transformée, non pas en un être meilleur mais réinventé dans une peau nouvelle, secrète…

Alors, je renie ce temps plat où je fus habitée par des couleurs tandis qu’ailleurs des sons et des cris vivaient à l’écart de mes sens, trop purs et trop fiers pour descendre à mon corps ; lui, le Sali, ;le marchand de rêves frelatés…

Alors, je reviens à cet instant d’entière nudité et je perçois le miracle ; cette apesanteur indicible qui me tord et me rend à la genèse de l’inexistant… Je sais maintenant qu’avant le moment de la révélation, il y eut un cri encore inconnu qui a perforé mes parois et incendié ce coin de brume incompris… Ce feu grandissait à mon insu, patient et certain, il prenait le temps de mon absence pour explorer les intérieurs, titiller les fossiles muets et caresser mes errances réfractaires… J’ignorai naguère la vérité stellaire qui se cachait dans les profondeurs du silence. Je la cherchais dans de vains Ailleurs, dans ces contrées chatoyantes au goût irréversible comme un venin, d’où je croyais survoler le monde. J’avais de l’Absolu des esquisses toutes relatives car à défaut de m’y noyer, j’étreignais des brumes infécondes. Le voyage ne menait jamais à rien, pas même à ce plaisir poétique de la quête. Rien ne transparait dans l’outrance vulgaire des lumières lorsque celles-ci ne giclent pas du ventre de la terre incomprise.

J’ai appris comment, d’un seul baiser gravé sur le sol, naissent les espoirs et meurent toutes les incertitudes. Une folle alchimie surgit alors d’une boue fertile et transforme le sourire de l’être. Son regard, rejeté dans l’intermède des beautés, s’habillera à chaque instant d’un émerveillement immaculé, insatiable…

Et l’éternité changera ses mots et se déshabillera devant nos yeux phosphorescents. Nous verrons alors de quelle chair nous serons pétris lorsque s’effriteront les Artifices Fondateurs et que les mensonges perdront enfin leur souffle. L’éclaboussure de la vérité sera fatale à certaines mais d’autres revivront dans l’incandescence nouvelle d’une âme sauvée du naufrage.

Cette vision m’était apparue au creux d’une musique. Une voix et une mélodie créèrent le miracle fou du futur ; un lendemain invraisemblable. Le pouvoir d’une musique se passe de mots, il éclate dans des épurements de voix qui racontent la félicité sans nul besoin de langue commune.

Je vis cet instant dans la certitude de ne plus jamais pouvoir le revoir à la fin du spasme. Ce spasme que je j’allonge de mon mieux pour donner de l’eau à la lumière et récolter la rose fluorescente d’une sublimité retrouvée.

Tam, le 18 février.

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